Ne répandez point de sang innocent

14 avril 2012, Pierre C.
Athalie faisant massacrer les jeunes princes
Livre d'heures
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque de l'Arsenal. Ms-639 réserve

Matthieu 16:24-27
Proverbes 6:16-19
2 Rois 11

Introduction

Le livre des Rois raconte l'histoire des rois d'Israël et son étude présente donc des intérêts multiples : Le chapitre précédent parle de l'extermination de la maison d'Achab par Jéhu : Joram , roi d'Israël et Achazia roi de Juda (fils d'Athalie fille d'Achab) sont tués. Un vide politique se crée donc en Juda : à cette occasion inespérée Athalie, mère du roi défunt, monte sur le trône.
  1. Prise du pouvoir par Athalie
  2. Délivrance de Joas

I. Prise du pouvoir par Athalie

Préméditation

A la mort de son fils, Athalie agit rapidement pour éliminer les héritiers légitimes et s'emparer du trône par la violence. Le pouvoir étant précisément vacant, la seule opposition avérée est celle de Joschéba, fille de Joram, sœur d'Achazia, et femme de Jéhojada. Au vu de ces circonstances, la préméditation du geste d'Athalie apparaît évidente et illustre la malédiction de Proverbes 6:16-19 « Il y a six choses que hait l'Éternel ...Les mains qui répandent le sang innocent, Le coeur qui médite des projets iniques, Les pieds qui se hâtent de courir au mal » : savourer l'idée du mal, c'est déjà céder à la tentation. Ainsi le péché est dans le fait de concevoir et de faire grandir des pensées tournées vers le mal.

Justification du mal

Malgré la violence de ce coup d'état, il est aisé de lui trouver des justifications. Il était nettement avantageux pour le royaume de Juda de disposer d'une souveraine endurcie et rompue à la politique plutôt que d'un enfant encore au berceau. Cependant les commandements de Dieu ne sont pas laissés à l'appréciation des raisonnements humains. Exode 20 « Tu ne tueras point. » « Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain. » Athalie a commis plusieurs péchés graves.

Athalie : un monstre sanguinaire ?

On aurait tort de voir en Athalie un monstre assoiffé de sang ou une démoniaque. C'est son égoïsme, sa convoitise et sa méchanceté qui l'ont conduite à massacrer des innocents et à se rendre odieuse. N'importe qui est capable de meurtre s'il n'est pas habité par l'Esprit de Dieu, et s'il se laisse ainsi aller à ses mauvais instincts. Il est vrai que chez Athalie le terrain était particulièrement favorable, ayant eu l'exemple en Jézabel d'une idolâtre, responsable de la mort des prophètes de l'Eternel.

La lumière ou les ténèbres

1 Jean 4:5 « c'est que Dieu est lumière, et qu'il n'y a point en lui de ténèbres. ». Chez les faux dieux, les ténèbres spirituelles règnent. L'abandon de Dieu, la négligence de ses commandements conduisent au meurtre. Le diable lui-même « a été meurtrier dès le commencement » Jean 8:44. Ainsi sans Dieu on se place sans résistance face à la tentation du mal, qu'on est même incapable parfois d'identifier comme tel. Le péché et la souffrance qu'il engendre règnent en maîtres, et sans espoir de rédemption ; sans Dieu le mal ne peut que croître et le bien diminuer.

Mode opératoire

Athalie n'a évidemment pas participé au massacre mais a employé des serviteurs. Ces serviteurs étaient soit des hommes de Juda, soit des mercenaires étrangers (Saül avait utilisé Doëg l'Edomite pour massacrer la ville sacerdotale de Nob cf 1 Samuel 22). Comment auraient donc dû agir ces serviteurs, face aux ordres d'Athalie ? Un refus d'obéir pouvait coûter la vie à ces hommes, ainsi qu'à leur famille. Dieu ne nous demande pas de nous soucier des conséquences de nos choix et de peser le mal et le bien qui pourraient en résulter pour nous décider. Esaïe 56:1 « Ainsi parle l'Éternel : Observez ce qui est droit, et pratiquez ce qui est juste ; Car mon salut ne tardera pas à venir, Et ma justice à se manifester. » Les ordres de Dieu ne souffrent ni altération, ni compromis, ni délais. Les conséquences terrestres de notre obéissance à Dieu peuvent être tragiques, mais notre espérance est dans la justice de Dieu et sa bonté. L'exemple d'Athalie nous avertit des conséquences de la convoitise. Si nous convoitons les richesses, la place, la femme de notre prochain, nous péchons contre Dieu, et les conséquences matérielles et spirituelles seront lourdes. Ainsi ce texte malgré et même grâce à sa violence nous avertit puissamment contre la pratique du péché. Nous constatons les fruits d'une vie sans Dieu et la perversion naturelle de l'être humain.

II. Délivrance de Joas

Seul de la race royale, Joas est sauvé par sa tante Joschéba aidée de son mari Jéhojada.

Circonstances

Joschéba était une proche du pouvoir, soeur du défunt roi Achazia. Elle a donc pu être informée du massacre qui se préparait et agir personnellement. La mise en sécurité de Joas se fait dans l'urgence. Il est caché dans un lieu loin d'être idéal car trop proche du palais : le temple. Ainsi le texte de par sa cohérence et ces détails démontre sa propre authenticité.

Motivations

Les motivations exactes de Joschéba nous sont inconnues. Plusieurs raisons existaient : affection pour son neveu, crainte de Dieu, volonté que la descendance de David ne s'éteigne pas. En tout cas elle a fait le bien en risquant sa vie, et cette action est à honorer. Dieu ne nous demande pas de contenir la méchanceté du monde entier, mais de faire le bien autour de nous. Comme dans la parabole du bon Samaritain, Joschéba a sauvé son prochain. Jérémie 22:3 « Ainsi parle l'Éternel : Pratiquez la justice et l'équité ; délivrez l'opprimé des mains de l'oppresseur ; ne maltraitez pas l'étranger, l'orphelin et la veuve ; n'usez pas de violence, et ne répandez point de sang innocent dans ce lieu. » Nous ne devons pas nous associer à la méchanceté de nos semblables mais agir à son encontre.

Obéir maintenant

Joschéba devait se décider sans tarder pour prévenir le coup qui allait frapper son neveu. Le bien doit s'exercer résolument et à l'heure du besoin, même quand les circonstances sont contraires. La Bible ne parle pas de pratiquer une religion avec ses rites et ses dogmes : le but de la parole de Dieu, c'est que l'homme pratique le bien et la justice de Dieu. Et pour cela l'homme a besoin de se sanctifier lui-même, d'être lavé de ses péchés par la grâce de Dieu en Jésus-Christ et de renoncer au péché.

Savoir perdre

Pour suivre Dieu, il nous faut être prêt à perdre notre vie, renoncer a fortiori à tout ce qui peut lui déplaire ; et cela non pas par esprit d'auto-flagellation mais par nécessité, sachant aussi que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite. Si nous regardons à ce que nous risquons de perdre, nous ne pourrons mener des vies sanctifiées. Ici la tante de Josias a mis sa vie et celle de sa famille dans la balance quand elle a voulu le sauver. Si elle avait regardé à ce qu'elle risquait de perdre, elle n'aurait pas agit. Rappelons que le baptême, départ de la nouvelle vie pour le chrétien, symbolise la mort au monde et la vie nouvelle en Christ. Si nous voulons continuer à vivre comme le monde, nous ne pourrons faire partie du royaume de Dieu. Jacques 4:4 « Adultères que vous êtes ! ne savez-vous pas que l'amour du monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. »

S'opposer au monde

Par notre nature même d'enfants de Dieu, nous nous opposons aux valeurs du monde : Joschéba a donné la vie à cet enfant en le soustrayant à Athalie.
Nous ne pouvons aimer Dieu et le monde, être guidé par nos propres convoitises et la crainte de Dieu. Le chrétien ne navigue pas à l'équilibre entre ses convoitises et la volonté de Dieu. Au contraire, il se dirige uniquement suivant la volonté de Dieu. Il peut s'égarer, mais Dieu le ramènera sur le chemin de la vie s'il se repent sincèrement.

Conclusion

La prise du pouvoir par Athalie est un exemple sanglant d'une vie vécue sans crainte du Dieu véritable, et tournée vers la satisfaction de ses propres convoitises mauvaises : pour posséder le pouvoir royal, Athalie a répandu le sang innocent. Dieu l'a laissée agir, mais il a gardé ses promesses en préservant la lignée de David d'où devait être issu le Messie.
Ainsi Joschéba par son action conforme à la justice et en obéissance à Dieu, a non seulement au mépris de sa propre vie délivré Joas de la mort, mais a permis une grande délivrance en Israël.

Jésus lui-même, pour le pardon de nos péchés, s'est rendu obéissant à son Père jusqu'à la mort sur la croix, mais Dieu l'a ressuscité d'entre les morts.
Apocalypse 14:12-13 « C'est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus. Et j'entendis du ciel une voix qui disait : Écris : Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur! Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. »